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DOSSIERS DE
  BIODIVERSITÉ

1. D’une définition générique...

La biopiraterie est le fait de s’approprier les ressources biologiques d’un pays ou d’une population à des fins commerciales. Elle est essentiellement pratiquée par les pays du Nord au détriment de ceux du Sud, par le biais de dépôts de brevets sur des gènes ou des espèces, qui garantissent à leurs détenteurs l’exclusivité des bénéfices lies à la commercialisation des produits qui en sont dérivés.

Les biotechnologies accentuent ce phénomène d’appropriation puisqu’elles permettent d’isoler le ou les segments d’ADN responsable(s) de caractéristiques inédites dans le génome d’un autre animal ou végétal, et de breveter de nouveaux produits transgéniques.

De nombreux laboratoires américains sont impliqués comme Cognis mais aussi des laboratoires européens.



2. ...à une réalité chiffrée par l’Institut Brésilien de l’Environnement

IBAMA estime que la biopiraterie représenterait dans le monde un chiffre d’affaire d’environ 60 millions de dollars. Cela pose un problème d’ordre éthique : a-t-on le droit de s’approprier des espèces vivantes et de surcroît de les manipuler ? La biodiversité peut-elle être privatisée et sur quels critères ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Les pays riches en technologie (les pays du Nord) s’approprient les ressources biologiques des pays riches en gènes (les pays du Sud) sans les dédommager.



3. Les médias n’hésitent plus à dénoncer ces actes de piraterie intellectuelle

De nombreux quotidiens nationaux prennent le relai d’une presse alternative pour mettre en lumière les cas de biopiraterie. Ainsi, en surfant sur la toile, on peut par exemple trouver :
– Le cactus hoodia contre la biopiraterie (NOUVELOBS.COM, 25.03.2003, 12 :17)
– Amérique latine : La biopiraterie dans les relations Nord-Sud,par Sally Burch et Osvaldo Leon, 02/2006.
– Mais aussi, à côté de cette petite revue de presse, des sites internet spécialisés comme www.biopiraterie.org/

Ces différentes initiatives en ligne permettent de sensibiliser l’opinion publique aux dangers de la biopiraterie à la fois pour les populations locales mais aussi pour la préservation de la biodiversité.



4. Mais qui est touché par ces actes de piraterie ?

4.1 Quelques exemples de biopiraterie, tirés du Hertfordshire Law Journal,2003

  • Mamala (Omolanthus acuminatus) (en Australasie et plus particulièrement au Samoa). Le US National Cancer Institute (USNCI), a extrait du mamala la prostratine qui pourrait potentiellement être utilisée pour traiter le SIDA. Aucune compensation financière ni aucun accord n’a été proposé aux populations locales. Les soigneurs locaux utilisaient depuis des siècles cette plante pour traiter la fièvre jaune (figure 3).

Le mamala

Figure 3 : Le mamala

  • Ayahuasca (en Amérique du Sud) L’ayahuasca est le nom donné à l’écorce de Banisteriopsis caapi était traditionnellement utilisée par les shamans indigènes pour diagnostiquer et traiter des maladies (figures 4 et 5). En 1986, un spécimen a reçu un US Plant Patent. Cet exemple représente une forme “telle quelle” de biopiraterie, où le matériel initial n’a pas été amélioré. On a breveté, tout simplement, la plante entière !

Peinture d’un hayahuesca

Figure 4 : Peinture d’un hayahuesca

Ecorce d’hayahuesca

Figure 5 : Ecorce d’hayahuesca

  • Rosy Periwinkle (Catharanthus roseus) Cette plante indigène de la forêt tropicale de Madagascar est cutivée depuis longtemps pour la phytothérapie et la décoration (figure 6). Elle était en particulier utilisée dans la médecine traditionelle chinoise pour traiter le diabète, la malaria et la maladie de Hodgkin. On en extrait de la vinblastine et de la vincristine qui sont utilisées pour traiter des leucémies. Deux médicaments issus de son exploitation rapportent des millions de dollards par an à l’entreprise Eli Lilly, sans que le pays d’origine ne reçoive quelque chose en retour (figure 6).

Exploitation du Rosy Periwinkle

Figure 6 : Exploitation du Rosy Periwinkle


4.2 Des actes aux conséquences parfois dramatiques

Mais les actes de biopiraterie les plus graves sont ceux qui remettent en cause le droit des populations à utiliser les plantes ou les semences pour l’agriculture et la médecine. C’est la cas du conflit qui oppose la firme W.R Grace and Co aux paysans indiens qui n’ont plus accès aux fruits de l’Arbre de Neem (exemple développé dans la deuxième partie). Ainsi, le problème est maintenant de savoir comment procèdent les biopirates et en quoi ces actes peuvent fragiliser l’écosystème mais aussi l’économie locale.




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