Accès rapide :
- La création de l’ICCAT
- Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme en 1998
- L’état du stock : la grande inconnue !
- L’élevage du thon et la pêche illégale
- Les financements
- Dérives et impacts sur la biodiversité
- Les récentes avancées
Le thon rouge est un poisson de grande taille dont l’espérance de vie théorique est de 20 ans. Il peut migrer sur plusieurs milliers de kilomètres afin de se reproduire ou de suivre des bancs de poissons qu’il chasse. La pêcherie du thon rouge est l’une des plus rentables en Méditerranée, notamment après l’essor dans les années 1980 du marché de sushi-sashimi, pour lequel le thon est une espèce à haute valeur marchande.
Il existe plusieurs stocks dans le monde, qui font l’objet d’estimations et de mesures de régulation bien distinctes :
Ouest – Atlantique
Est – Atlantique (dont fait partie le thon rouge de Méditerranée)
En ce qui concerne le stock du Nord, tous les experts sont conscients que la ligne qui
sépare les deux sous-populations, arbitrairement fixée sur le 45ème parallèle, est politique et
non pas biologique. C’est pourquoi il est nécessaire d’instaurer une politique internationale
dans la gestion durable et mesurée de cette espèce.
Créée par l’ONU, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) est responsable de la conservation des thons rouges et des espèces apparentées dans l’océan Atlantique et ses mers adjacentes. Elle comprend 41 pays membres, ainsi que l’Union Européenne.
L’organisation a rédigé et adopté la Convention Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique, signée à Rio de Janeiro, en 1966. Elle est officiellement entrée en vigueur en 1969.
Malgré le contrôle et la régulation mise en place par l’ICCAT, les deux stocks du Nord sont dans une situation préoccupante. En ce qui concerne le stock de l’Ouest, après un état des lieux alarmant en 1997, l’ICCAT a mis en place des mesures peu ambitieuses qui ne permettent pas aujourd’hui de garantir le succès de la restauration de la population. En effet, les quotas de pêche fixés n’ont même pas été atteints en 2002, preuve de l’épuisement de ce stock.
La mauvaise gestion actuelle, accentuée par le développement des fermes
d’engraissement, menace l’avenir de cette espèce, et donc celui de centaines pêcheurs. La
situation du stock de l’Ouest laisse redouter le pire pour le stock Méditerranéen si des mesures
plus restrictives ne sont pas prises.
Chaque pays se doit de déclarer la quantité de thons capturés, ce qui peut laisser libre cours à des fraudes. Certains pays comme la Lybie ne se plient pas à ce règlement et ne communiquent aucune donnée. Entre 1994 et 1997, le total des prises déclarées était d’environ 45 000 - 50 000 tonnes/an, alors qu’il était de 21 000 tonnes au cours des 20 années précédentes. De tels niveaux de captures ont amené les scientifiques à exprimer leurs inquiétudes en 1998 sur l’état de la population de thons rouges. Depuis lors, la situation s’est considérablement dégradée.
En mai 1999, Greenpeace a publié un rapport qui dénonçait l’épuisement du stock de thon rouge en Méditerranée et en analysait les causes. La pêche illégale pratiquée par des pays non-membres de l’ICCAT avait été identifiée comme principale menace.
Une évaluation des stocks était prévue pour 2002, mais elle a été repoussée, en raison du manque de données de qualité. Les scientifiques de l’ICCAT ont mis en avant un « nombre important de poissons de petite taille capturés mais non déclarés » ainsi que « l’augmentation des fausses déclarations ».
En 2006 l’évaluation des stocks n’a à nouveau pas été possible à cause du manque de données. Il a toutefois été établi que l’hypothèse d’un effondrement du stock dans un futur proche n’était plus réfutable.
Il est incontestable qu'aujourd'hui, il est impossible de connaître exactement le nombre
de thons rouges prélevés chaque année en Méditerranée. Il est cependant certain que les
volumes pêchés sont bien supérieurs aux quotas définis et attribués par l’ICCAT.
De plus, malgré les sonnettes d’alarme tirées par les scientifiques, ces quotas ont été 23% plus
élevés que le niveau maximum recommandé, entre 2003 et 2006 (32 000 tonnes). Plus de la
moitié de ce quota est attribué à la Communauté européenne. Non seulement les quotas sont
trop élevés, mais un rapport publié par Greenpeace en 2006 témoigne de l’état alarmant de la
situation : les captures de thon rouge en Méditerranée ont probablement été d’au moins 41
000 tonnes en 2004 et d’au moins 44 000 tonnes en 2005.
« L’élevage » du thon s’est développé en Méditerranée en 1997 en s’inspirant de pratiques norvégiennes et australiennes. Parler d’élevage constitue un abus de langage car en effet les thons sauvages sont capturés et transportés vivants dans des « fermes », où ils sont engraissés pendant des mois. Une fois leur poids suffisant, ils sont abattus et exportés, principalement vers le Japon.
Thonier senneur espagnol, qui permet la capture à grande échelle du thon rouge.
Le thon rouge est très sensible au stress occasionné par des variations brutales de conditions environnementales, et ne tolère pas les manipulations. Sa reproduction en captivité est quasi-impossible, même si quelques observations ont été faites.
Les activités commerciales ainsi développées (de la capture à « l’engraissage », en passant par le transport) s’inscrivent dans un contexte international, ce qui rend difficile la traçabilité et l’évaluation du réel volume des captures, ainsi que de nombreuses fraudes :
Aussi, les bateaux de pêche qui alimentent cette industrie sont principalement immatriculés dans des pays n’appliquant pas la réglementation internationale.
Par exemple, au large des côtes libyennes, des bateaux français pêchent, ré-immatriculés en Libye, leurs prises sont transportées avec un remorqueur espagnol, qui approvisionne les fermes de Malte.
Remorque-piscine qui permet le transport des thons vivants jusqu’aux fermes d’élevage.
Il existe sur le pourtour méditerranéen 58 fermes de ce type, d’une capacité totale dépassant de plus de 20 000 tonnes le volume total de capture autorisée. La France ne reste pas étrangère à cette nouvelle industrie : une demande de création de ferme d’élevage à Port-Vendres a été déposée en 2005. Elle a rencontré une vive opposition de la part de la population ainsi que des associations locales. Les promoteurs de ces projets tentaient toujours de s’implanter en 2006.
Afin de réguler ce phénomène, l’ICCAT a décidé en 2003 que les pays devraient déclarer leurs capacités d’élevage. Cependant, comment s’assurer de la véracité de ces déclarations et évaluer l’ampleur des sous-déclarations ? La quantité réelle de thons élevés en Méditerranée reste inconnue.
Il est évident que cet « élevage » dépend directement de la capture de poissons vivants. Il est intéressant de comparer les déclarations de pêche avec les quantités exportées. En effet, le volume de prises déclarées à l’ICAAT diminue alors même que l’exportation de thon méditerranéen augmente. Aussi, il est entré plus de thon dans les fermes d’élevage qu’il n’en a été déclaré par les pêcheurs !! C’est ici que la pêche illégale est inévitablement à prendre en compte.
Afin de pallier cette pratique, un document entré en vigueur en 1993 indiquant
diverses informations au sujet du stock doit être fourni par le pays exportateur. Deux fois par
an, les pays importateurs doivent remettre ces certificats à l’ICAAT. Malgré cela, certains
pays ne se plient pas aux règles et ne fournissent aucun certificat, y compris des pays de
l’Union européenne.
Les fermes d’élevage constituent une activité qui s’est étendue très rapidement. Cette expansion ne peut évidemment pas être uniquement due à des investissements de quelques entrepreneurs locaux. Les sociétés japonaises font « naturellement » partie des plus gros investisseurs responsables de l’expansion de l’élevage du thon rouge.
Alors que l’Europe tente d’encadrer la pêche pour éviter les problèmes de surexploitation des espèces, des fonds européens sont en partie responsables de la surexploitation du thon rouge en Méditerranée. En effet, les élevages ont bénéficié de subventions publiques importantes, mais il est difficile d’obtenir des informations quantitatives à ce sujet. Elles se répartissent en trois grandes catégories :
Malgré les multiples alertes concernant le stock de thon rouge, les flottilles de senneurs méditerranéens ont été modernisées grâce à ces subventions :
Le Trevignon : thonier senneur français
Cette industrie du thon a de nombreuses conséquences. Outre les dérives politiques (corruption de contrôleurs, de pêcheurs locaux…) et les impacts économiques (compétition inégale entre les bateaux, bénéfices entre les mains des éleveurs et des pêcheurs industriels…), cette activité pose des problèmes écologiques parallèles à l’épuisement de la population de thons rouges en Méditerranée.
D’importantes quantités de poissons fourrage sont nécessaires à l’engraissement, la
plupart en provenance d’Afrique du Nord, de l’Atlantique Nord ou d’Amérique. Ceci pose des
problèmes environnementaux, comme les contaminations. De nombreuses populations de
sardines et d’anchois locaux sont menacées par l’introduction de cette nourriture.
Certains pays déclarent utiliser des espèces de poissons locaux, ce qui alimente
également la sur-pêche et la pêche illégale, et contribue au déséquilibre des écosystèmes (Par
exemple, les petits poissons servent de nourriture essentielle aux cétacés).
De plus, cette industrie est peu performante en terme de rendement, et produit
beaucoup de déchets organiques : il faut près de 20kg de petits poissons pour produire
uniquement 1kg de thon, sachant que ceux-ci sont nourris plusieurs fois par jour. Ces déchets
représentent une pollution qui menace les écosystèmes adjacents parfois fragiles.
· 32 000 tonnes de 2003 à 2006
· 28 500 tonnes en 2007 et 2008 (on estime cependant à 60 000 tonnes les prises
en 2007...)
· 22 000 tonnes sont prévues pour 2009
· objectif de 19 950 tonnes pour 2010
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