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DOSSIERS DE
  BIODIVERSITÉ

La biodiversité à Paris
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La flore cachée : bétons, friches et points d'eau


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Accès rapide :

- Les murs, toits et pavés
- Les friches et terrains vagues
- Les milieux humides

Malgré ce que l'on pense parfois, Paris est loin d'être un désert pour les plantes et les animaux, et les parcs et jardins ne sont pas les seuls lieux abritant la flore de la capitale. D'autres espaces contribuent également à la biodiversité végétale de la ville : les interstices entre les pavés, les toitures et façades d'immeubles, les friches et terrains vagues, les berges et points d'eau.

Exemple de plantes à Paris

Nous allons examiner successivement ces différents milieux, afin d'une part de souligner la biodiversité végétale qui s'y trouve, et d'autre part de relever les actions menées pour sensibiliser les citadins à cette biodiversité, pour qu'ils l'appréhendent mieux et aient envie de la préserver.



Les murs, toits et pavés

Quoi de plus minéral dans Paris que la cour carrée du Louvre? Et d'a priori plus hostile à la biodiversité végétale?

Cour du Louvre

Et pourtant, quand on regarde attentivement, des plantes parviennent à pousser entre les interstices des pavés. L’asphalte des trottoirs, le pied des immeubles, entre pierre et goudron, les grilles d’arbres, autant de lieux a priori hostiles dans lesquels s’installent et prospèrent de très nombreuses espèces végétales dont les exigences réduites permettent l’existence. Les espaces libres et perméables étant peu nombreux au sol, les murs et toits offrent aussi un nouveau champ d’investigation à la flore urbaine, entretenant le maillage vert parisien. Cela est favorisé par la décision de restreindre l'utilisation des produits phytosanitaires, répondant à la certification environnementale (septembre 2002) qui fait de Paris (comme Bordeaux) une ville pilote dans ce domaine.

Plantes à Paris

De gauche à droite : un buddleia qui pousse entre les pierres d'un mur d'une maison du 19ème arrondissement, un Bouillon blanc qui préfère les beaux quartiers (esplanade des Invalides) et des plantes qui poussent dans des 'pieds d’arbre,' depuis que les services de la Mairie de Paris ont décidé de ne plus répandre d’herbicides.

Persuadées que la protection de l’environnement et la mise en oeuvre du développement durable n’ont de sens que si l’école s’en empare activement, certaines écoles parisiennes, appelées Écoles en Démarche de Développement Durable, sensibilisent leurs élèves à cette biodiversité. On leur présente des affiches relatives à la flore ou la faune de Paris, comme par exemple celle-ci :

Affiche biodiversité

Les espèces parisiennes des « milieux minéraux » sont présentées, avec une photo ou un dessin pour faciliter leur reconnaissance, accompagnés d'un petit texte explicatif. Par exemple : Sur les vieux murs et dans les anfractuosités des rochers se répand une fougère commune en milieu calcaire, la rue des murailles (Asplenium ruta-muraria). Elle côtoie souvent le polypode commun (Polypodium vulgare) qui doit son nom aux nombreuses racines de son rhizome. Ainsi, les enfants sont plus à même d'appréhender la biodiversité qui les entourent, voir d'inciter leurs parents à faire de même. Des conseils leur sont également donnés pour favoriser la biodiversité, par exemple de laisser s'installer les herbes sauvages dans les jardinières.

Grâce à cette sensibilisation, on peut espérer qu'à Paris, la biodiversité perçue se rapproche de la biodiversité réelle, et surtout que la biodiversité réelle augmente, par la prise de conscience des habitants !

A mi-chemin entre le mur et le jardin, le mur végétal. Paris est la ville française qui en possède le plus (une quarantaine recensés). Ils participent à la réalisation d’une continuité biologique dans des quartiers souvent peu favorisés en espaces verts. Si l'on ne peut pas considérer les espèces qui y sont implantées comme des « sauvages » puisqu'elles ont été choisies par l'homme, au bout de quelques années, ces murs tendent à se 'naturaliser'. Des plantes sauvages, certainement mieux adaptées, s'y installent. Ci-dessous, la photo d'une de ces plantes et le mur végétal du musée du quai Branly où elle pousse.

Plantes du musée Branly



Les friches et terrains vagues

Ce type d'écosystème est probablement celui qui ressemble le plus à celui que l'on peut retrouver à la campagne, dès lors que des parcelles sont laissées à l'abandon. Ces milieux sont souvent riches en biodiversité, mais plutôt situés à la périphérie de Paris, du fait de la pression foncière qui y est souvent un peu moins forte qu'au centre. Ils font, comme les milieux minéraux, l'objet d'actions éducatives en particulier auprès des écoliers parisiens.

Citons notamment le Parc du Millénaire (19ème) qui constitue l'espace non urbanisé le plus vaste (17 000 m²) à la limite communale de Paris, et qui a fait l'objet d'un combat politique en 2003 lorsqu'il a été projeté d'y construire des bureaux. La Petite Ceinture est quant à elle une voie SNCF désaffectée depuis 1934. Aujourd'hui, elle est laissée à l'abandon sur la majorité de son parcours, même si certaines parties (comme le pont audessus de l'avenue de Flandre en 2006) sont entretenues ou améliorées. La SNCF a réalisé en 2007 une étude portant sur les parties Est et Nord, visant à déterminer l'état des infrastructures afin d'établir des estimations chiffrées de remise en état partiel. En attendant, de nombreuses variétés de plantes et d'arbres s'y développent, bien que certaines sections de la petite ceinture servent de dépotoir, au grand dam des riverains respectueux de leur environnement. Mais on ne peut pas dire que le public profite directement de cette biodiversité, hormis quelques curieux avertis.

La petite ceinture

La petite ceinture



Les milieux humides

Dans Paris intra-muros, ils sont représentés par la Seine, les canaux, les mares et quelques étangs dans les grands parcs (tels que les parcs de Montsouris, des Buttes- Chaumont). Les écosystèmes humides sont en général des lieux présentant une flore à la fois très typique et d'une grande diversité spécifique. La Seine n'échappe pas à cette règle ; bien que son cours soit contrôlé par l'homme, elle reste un couloir de nature au sein de Paris.

Si sa flore aquatique est peu visible, elle n'en est pas moins essentielle pour l'écosystème du fleuve. Elle oxygène l'eau, et les sagittaires et potamots qui la composent permettent également aux poissos de déposer leurs oeufs, puis servent de refuge à leurs alevins.

La flore des quais est plus remarquée par les passants, notamment les arbres plantés (platanes, saules,...). Pourtant, la biodiversité spécifique la plus riche est moins perçue ; il s'agit de plantes propres aux milieux humides qui, malgré les pavés, ont réussi à s'installer : les mousses, fougères et lichens, la salicaire et ses fleurs mauves ou la renouée persicaire, une plante utilisée pour soigner les plaies.

Les berges de la Seine, plus cachées au regard des passants, voient également se développer une flore typique, avec entre autres : chanvre d'eau, carex et joncs, hépatique des fontaines, et même des espèces protégées comme la cuscute d'Europe. D'après un inventaire Paris-Nature réalisé en 1995, 362 espèces végétales seraient présentes sur les bordures de la Seine et des canaux dans Paris intra-muros. Comme quoi la biodiversité réelle est souvent bien plus importante que celle perçue par un oeil non averti !

Graminée

Photo d'une petite graminée qui profite d'un peu de terre accumulée dans la trace d'un anneau d'amarrage (Quai de la Seine)

figuier

Des plantes (notamment un figuier) sur les berges d'un canal à la Villette.

Les mares sont actuellement un des lieux sur lequel se focalisent les actions pour développer la biodiversité. Elles ont l'avantage d'être faciles à réaliser et d'avoir un faible coût d'entretien. Si elles avaient peu à peu disparu des villes et en particulier de Paris du fait de l'urbanisation, 8 nouvelles mares ont été créées dans Paris Intra-muros en 2007. Aujourd'hui, Paris en compte 20 dans ces espaces verts, qui mesurent entre 9 et 2200 m². Cette création a été motivée, selon la mairie de Paris, par des intérêts écologiques (recréer ces milieux et ainsi abriter les espèces inféodées), pédagogique (les mares seraient méconnues des citadins) et paysager. Ce projet d'aménagement, proposé par la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (DEVE), répond aux attentes de la charte de la biodiversité et des milieux naturels, élaborée par la région Ile-de-France et signée le 18 mars 2004 par la ville de Paris.

mare1

mare2

Ce projet cherche également à s'inscrire dans une démarche de sensibilisation des habitants, avec notamment des panneaux expliquant la raison de la création de mares et leur fonctionnement.

mare3

Alors, la mare, solution miracle en faveur de la biodiversité? Elle présente tout de même certaines contraintes :

  • Elle nécessite un entretien, d'autant plus qu'elle est petite car l'équilibre est alors plus difficile à mettre en place. Les jardiniers, censés pratiquer une gestion écologique, doivent y être formés.
  • Elle privilégie nécessairement les espèces de zones humides.
  • Il faut voir comment se comportent les citoyens vis à vis de ces écosystèmes, et notamment veiller à ce qu'ils n'introduisent pas d'animaux (comme la Tortue de Floride) ou de plantes qui pourraient perturber son équilibre.
  • Créer une mare dans un jardin existant est complexe, car cela modifie l'organisation de l'espace ; il faut attendre de voir comment évolueront les mares créées en 2007 avant de vouloir étendre ce projet. Toutefois, l'aménagement de nouvelles mares est envisagé.

figuier

Carte montrant les mares actuelles et celles en projet.




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