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DOSSIERS DE
  BIODIVERSITÉ

Enjeux théoriques de la biodiversité
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Définitions d'approfondissement


(Accéder au plan du dossier complet)

Pour éclaircir les mouvements, idéologies, concepts parfois flous évoqués dans les parties, voici quelques définitions - dont la précision n'engage que nous.
















Biologie de la conservation

Au sens large, science qui se donne pour but la protection de la biodiversité et le combat contre la crise d'extinction rapide des espèces qui sévit de nos jours.

La biologie de la conservation se démarque d'une plus ancienne tradition de sauvegarde des espèces menacées par une généralisation de la notion de protection : sauvegarde de la biodiversité dans des communautés et des écosystèmes entiers. Protection, aménagement et restauration sont les trois principaux moyens d'action de cette discipline.

Ingéniérie écologique (aussi ecological engineering, eco-engineering)

L'appellation recouvre différentes réalités selon les auteurs. Nous choisissons une définition qui englobe l'idée générale exprimée : l'ingéniérie écologique définit la gestion, la modification et la conception par l'homme de milieux écosystémiques à partir de connaissances provenant de l'écologie.

Avant de devenir une discipline, l'ingéniérie écologique s'est créée comme concept dans les années 60 sous la plume de l'écologiste Howard T. Odum, qui s'inspirait d'une approche gérée par la nature des systèmes écologiques. « [L'ingéniérie écologique] est la manipulation de l'environnement par l'homme utilisant de faibles apports supplémentaires d'énergie pour contrôler des systèmes dans lesquels les principaux apports viennent toujours de sources naturelles. » (Odum, 1962). Depuis cette époque, cette définition ne cesse d'être raffinée, notamment en insistant plus fortement sur le rapport entre systèmes écologiques et activités humaines : « L'ingéniérie écologique est la création de systèmes viables qui intègrent la société humaine à son environnement naturel pour le bénéfice des deux partis» (Mitsch et Jorgensen, 1989 ; Mitsch, 1996).

Pour plus de renseignements voir le numéro spécial d'Ingéniéries (2004).

Deep ecology (aussi écologie profonde)

Mouvement et partis pris de ceux qui pensent que seul un changement radical de notre vision de la nature et de notre comportement peut apporter des solutions face aux problèmes environnementaux annoncés. Notamment, un des concepts phares de la Deep ecology est l'attribution d'une valeur intrinsèque au monde naturel, indépendamment de son utilité pour l'homme.

Si l'expression « Deep ecology » est officiellement apparue pour la première fois dans un article du philosophe norvégien A. Naess (Inquiry, 1973, 16 : 95-100), la Deep ecology emprunte de ses idées à J. Muir, pionnier du préservationnisme, au poète H.D. Thoreau, à Aldo Leopold entre autres. La Deep ecology adhère à plusieurs thèses que l'on pourrait qualifier de « conventionnelles » : valeur intrinsèque des formes de vie non-humaines, interdiction de réduire la biodiversité si ce n'est pour satisfaire des besoins vitaux, changement des pratiques politiques, économiques, technologiques et idéologiques... Mais ce qui fait le point fort du mouvement, c'est son introduction du concept d'écosophie : une vision du monde nécessaire pour atteindre ses objectifs. L'origine de l'anthropocentrisme ambiant en écologie tient selon Naess à la victoire de l'individualisme dans nos sociétés : on se définit comme individu par être indépendant des autres êtres, alors que Naess considère que chaque forme de vie constitue une unité parce qu'elle fait partie d'un Tout, champ de relations entre toute forme de vie, mais aussi rivières, paysages, etc... Toute forme de vie ayant une valeur égale intrinsèque, elles ont toutes autant le droit à « déployer leurs potentialités et à se réaliser », c'est à dire, à vivre.

La Deep ecology est consciente des difficultés d'application d'un tel égalitarisme, ainsi que des débats et discussions que peut engendrer une telle métaphysique des processus et des relations. C'est pourquoi elle s'emploie plus à changer une vision du monde qu'à instaurer une norme effective utilisable en pratique.

La Deep ecology peut également désigner de façon péjorative la pensée de gens qu'on accuse de « haïr l'humanité », utilisant tous les moyens à leur disposition pour contester la modernité technolibérale (écoterrorisme).

D'après Nouvelle encyclopédie de bioéthique, par Jean-Yves Goffi

Ecocentrisme

Ensemble des théories selon lesquelles l'écologie comme science est susceptible non seulement de fonder une éthique de l'environnement, mais encore de présenter un modèle pour la vie morale en général (Nouvelle encyclopédie de bioéthique, P.337).

Il est possible de distinguer deux écocentrismes : un généralement rattaché à Aldo Leopold, mettant l'accent sur l'apport de l'écologie comme science pour la formation d'une éthique, et l'autre s'inspirant de H. Rolston, puisant ses racines dans la proximité avec la nature sauvage (« wilderness »).

L'écocentrisme de A. Leopold suggère une « biologisation de l'éthique », autrement dit l'acceptation d'une double leçon de la part de la biologie : évolutive en considérant que l'individu fait partie d'une communauté qui ne cesse de s'élargir dans le temps et écologique, dans le sens où cette communauté doit s'élargir jusqu'à inclure les plantes, les animaux, les sols et les eaux. D'où la conclusion d' A.Leopold qui suggère qu' « une chose est juste lorsqu'elle tend à préserver l'intégrité, la stabilité et la beauté de cette communauté ».

L'écocentrisme de Rolston nous apprend que seul le contact avec la nature sauvage est censé nous révéler l'existence d'un bien propre chez tous les êtres de nature.

Certains assimilent malgré tout l'écocentrisme à une forme d'anthropocentrisme. La valeur des êtres de nature ne résiderait pas alors dans une forme intrinsèque mais en ce qu'elle contribuerait à la formation des idéaux de l'homme. Les partisans de l'écocentrisme répliquent que c'est au contraire parce qu'ils possèdent cette valeur inhérente que les êtres de nature ont cette contribution.

D'après Nouvelle encyclopédie de bioéthique, par Jean-Yves Goffi.

Behaviorisme

Courant de pensée en psychologie influent jusque dans les années 60, et préconisant l'utilisation de faits objectifs et non de méthodes introspectives dans l'étude du psychisme des individus. Principalement, le behaviorisme nie la caractérisation des phénomènes psychologiques comme états mentaux accessibles uniquement au sujet , mais les assimile à des comportements observables extérieurement. Les comportements sont déterminés par l'environnement.

Le behaviorisme est principalement redevable à Watson et Skinner, et prend ses racines dans le positivisme du cercle de Vienne : les faits « publics » sont les seules données sur lesquelles doit s'appuyer la science (analogie aux énoncés protocolaires), et la physique est le modèle de science vers laquelle toutes les autres doivent tendre. Le mouvement naît donc d'une volonté d'abandonner les errances d'un mentalisme subjectif et de se doter d'une méthodologie scientifique rigoureuse. Les concepts flous de « sensation », « perception », « attention », « volonté » et autres sont abandonnés, ou tout de moins relégués dans une boîte noire inétudiable par nature. De toute façon, seul l'environnement décide du comportement d'un individu pendant son développement juvénile, par l'intermédiaire de stimuli. Cette assertion sera la base de nombres d'expériences.

Jusqu'à sa disparition et ses nombreuses critiques dans les années 60, le behaviorisme empêchera le développement de nouvelles expériences « subjectives » concernant les mécanismes psychologiques internes, mais contribuera tout de même à de grandes avancées dans le domaine de la connaissance des mécanismes d'apprentissage.

Singer Peter

Philosophe australien né en 1946 principalement connu pour son ouvrage La libération animale, considéré comme l'ouvrage le plus influent dans le lancement des mouvements de défense des droits animaux (à tort?).

Singer renverse l'idée traditionnelle et théologique selon laquelle les humains peuvent disposer de la Nature comme bon leur semble, et adopte une position utilitariste : le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Ainsi, si on admet que les animaux non humains peuvent souffrir, rien ne justifie qu'on les traite différemment des animaux humains. La question de savoir s'ils peuvent parler ou même raisonner ne se pose même pas. Singer crée le terme de spécisme par analogie au racisme ou au sexisme pour signifier l'ensemble des discriminations que l'on opère sur un critère d'espèce : favorisation de l'espèce humaine en général.

La philosophie de Singer ne signifie donc pas que tous les animaux ont les mêmes droits, ni même qu'il est interdit d'en faire souffrir. En 2006, le philosophe crée la polémique parmi les associations de défense des animaux en acceptant le principe d'expériences sur des grands singes. Au scientifique lui expliquant qu'il a sacrifié 100 grands singes pour aider 40 000 humains, Singer répond : « Eh bien, je pense que si vous présentez le cas comme cela, il m'apparaît clair que c'était une expérience justifiée » (Sunday Times du 26 novembre 2006). Comme d'habitude, seul l'utilitarisme compte.

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